La nouvelle convention mène jusqu'en 2029
Depuis 2004, l’ARS Bretagne et la DRAC Bretagne s’associent pour favoriser l’accès à la vie artistique et culturelle des personnes hospitalisées ainsi qu’aux personnes âgées ou en situation de handicap. En effet, la culture, vecteur de valorisation personnelle, professionnelle et sociale, contribue au bien être des patients, des résidents et également des professionnels de santé.
Cet engagement se traduit à travers une convention de partenariat inaugurée dès 2004. Régulièrement renouvelée, élargie au secteur médico-social en 2011, elle vise à renforcer l'accès à la vie artistique et culturelle et à contribuer au développement culturel au sein des établissements de santé ou médico-sociaux, par le biais de leur rapprochement avec les équipements ou lieux culturels de Bretagne.
La culture est considérée comme une contribution à la politique de santé ! En 2019, un rapport de l’organisation mondiale de la santé sur le rôle de l’art dans l’amélioration de la santé et du bien-être a confirmé cette appréciation : "il contribue à la gestion et au traitement des troubles de santé, notamment mentaux". Ainsi, l’ARS Bretagne et la DRAC Bretagne s’associent pour favoriser l’accès à la vie artistique et culturelle des personnes hospitalisées ainsi qu’aux personnes âgées ou en situation de handicap. Ensemble, ils agissent en faveur d’une société plus inclusive, notamment à travers l’accès à la vie artistique et culturelle en tant qu’exigence démocratique.
Les partenaires ont profité de la journée régionale pour renouveler la convention et s'engager jusqu'en 2029. Ils confortent ainsi une politique ambitieuse. Cette dernière accompagne la mise en œuvre de projets remarquables.
Un appel à projets annuel
Afin de favoriser l'émergence de projets culturels au sein des établissements de santé et médico-sociaux, les deux partenaires organisent un appel à projets annuel à travers lequel ils sélectionnent les propositions les plus pertinentes : ces dernières disposent d’un accompagnement financier. Les critères d'éligibilité et les axes prioritaires d’intervention sont précisés chaque année.
Les projets soutenus sont pensés au bénéfice des patients, des résidents, de leur famille et des professionnels de santé (soignants et non soignants). Les partenariats peuvent s'établir dans toutes les disciplines artistiques, dans le secteur des media et de l’information et dans le domaine patrimonial. Ils peuvent aussi prendre différentes formes :
Les projets annuels :
- les ateliers de pratique artistique faisant appel à des professionnels des arts et de la culture, associés à des actions de médiation (assurées par des intervenants professionnels) et accompagnés de propositions de rencontres des œuvres et des lieux (diffusion au sein de l'établissement de santé ou médico-social, accueil de patients, résidents et de personnels à des représentations, expositions, visites de lieux culturels et patrimoniaux...) ;
- les résidences d'artistes au sein des établissements de santé ou médico-sociaux concourant à la présence artistique sur les territoires.
Les jumelages
Initiés en 2018, les jumelages entre les établissements de santé ou médico-sociaux et les équipements culturels de la région visent à créer des partenariats durables avec des équipes artistiques et culturelles professionnelles autour de projets de création et de diffusion, de formation et de médiation. Il s’agit d’une forme privilégiée de partenariat, favorisant des actions ambitieuses sur le long terme.
Les projets annuels et les jumelages devront obligatoirement être construits de manière partagée par les structures culturelles et les établissements sanitaires et médico-sociaux, dans le cadre d’un véritable dialogue.
L’appel à projets Culture & Santé en chiffres
Les partenaires mobilisent chaque année une enveloppe globale d’au moins 160 000 euros.
Entre 2020 et 2025, ce sont plus de 300 projets reçus, près de 200 retenus et plus d’un million d’euros (enveloppes DRAC et ARS Bretagne confondues) consacrés au financement de ces projets.
En 2025, ce sont ainsi 32 projets qui ont pu être soutenus, soit une enveloppe moyenne de 5000 € / projet. (34 en 2024 / 36 en 2023)
Sur les 42 candidatures reçues :
- 78 % concernent des établissements médico-sociaux
- 21 % concernent dans des établissements sanitaires
- 78 % sont des "projets annuels"
- 21 % sont des "jumelages" dont 4 en cours et 5 nouvelles demandes
Répartition territoriale projets soutenus
- Côtes d'Armor : 5 projets soutenus
- Finistère : 10 projets soutenus
- Ille et Vilaine : 11 projets soutenus
- Morbihan : 6 projets soutenusage-article
Au-delà de l'appel à projets...
Développement de l’accès aux livres et à la lecture
Afin d'améliorer les offres de lecture et de supports multimédias, l'ARS Bretagne et la DRAC Bretagne souhaitent conforter le développement de l’accès aux livres et à toutes les autres ressources en lien avec le livre et la lecture au sein des établissements de santé ou médico-sociaux. Ils encouragent l'accroissement des partenariats avec les bibliothèques municipales et bibliothèques départementales de prêt. Celles-ci peuvent apporter conseil et aide logistique dans le cadre de la mise en place ou l'extension d'une bibliothèque, prêt de livres ou autres documents, organisation commune d'animations…
A cet égard, l'établissement public de coopération culturelle (EPCC) "Livre et lecture en Bretagne", dans le cadre de ses missions "Publics éloignés" du livre, pourra accompagner les établissements de soins et médico-sociaux afin de faciliter la signature de conventions entre ces établissements et les bibliothèques municipales ou départementales, la mise en œuvre d'animations culturelles liées à la lecture et l'organisation des actions de formation.
Accessibilité des structures culturelles
La DRAC Bretagne porte un programme Culture Handicap, visant l'accompagnement pluriannuel des structures culturelles labelisées qui s'engagent dans le développement d’une politique globale d'accessibilité intégrant l’ensemble des objectifs suivants :
les conditions d'accès : "venir et être accueilli" ;
l'accès à l’information et à la communication ;
la programmation artistique ;
les actions culturelles et artistiques proposées.
Les stratégies définies pour atteindre ces objectifs d'accessibilité doivent inclure une réflexion partagée avec des structures professionnelles du champ du handicap et des usagers en situation de handicap, un plan de formation pour les personnels d'accueil et de médiation, une communication accessible et une accessibilité des œuvres.
Sur le terrain, des projets enthousiasmants
Un design pour le soin / Penser les lieux pour transformer le soin", jumelage issu du partenariat entre le Centre Eugène Marquis et l’Hôtel Pasteur associant la designeuse Antoinette Parrau
Ce jumelage est le fruit d’une rencontre entre la designeuse Antoinette Parrau, le Centre Eugène Marquis, Centre de Lutte Contre le Cancer et l’Hôtel Pasteur. Il engage une réciprocité : faire entrer le design dans l’hôpital et accompagner les parcours de soin dans la ville.
Centre Eugène Marquis : des bases favorables aux projets Culture & Santé
De longue date, le Centre Eugène Marquis place l’expérience patient au cœur de ses priorités, notamment grâce à la dynamique portée par le groupe de collaboration de patients partenaires. Ce dernier travaille avec les soignants et les professionnels sur la qualité des soins mais aussi sur l’environnement du soin : comment rendre les espaces plus humains, plus apaisants, et réduire autant que possible les sources d’inconfort ? C’est dans ce cadre qu’ont été conduits des travaux sur le bruit. Et déjà, plusieurs projets sont menés en lien avec la Designeuse Antoinette Parrau, spécialisée sur le design pour le soin ou design en lieu de soins. "Je peux être un outil pour dépasser les contraintes techniques qui fragilisent le lien avec le patient".
Cette expérimentation a été conduite par le DISSPO (Département Interdisciplinaire des Soins de Support pour les Patients d’Oncologie) du Centre Eugène Marquis. En mobilisant ses équipes pluridisciplinaires, le DISSPO a permis d’intégrer pleinement la dimension du soin de support dans le projet, en articulant design, confort émotionnel et accompagnement global des patients. Ce dispositif, qui veille à améliorer la qualité de vie tout au long du parcours de soins, a joué un rôle central pour relier les initiatives artistiques et culturelles aux besoins concrets des patients et de leurs proches, garantissant ainsi que chaque aménagement pensé contribue à une meilleure expérience de soin.
En 2021, le Centre Eugène Marquis, 40 M3 et Antoinette Parrau ont porté un projet commun dans le cadre de l’appel à projets Culture & santé. Un kit d’objets design et lumineux a été réalisé pour accompagner les patients isolés par la curiethérapie. Ce projet a aussi été l’occasion d’échanger avec le groupe de patients et d’identifier d’autres besoins…
En 2022, un partenariat entre l’école Condé et le DISSPO a permis d’imaginer plusieurs pistes d’aménagement pour améliorer l’expérience vécue dans les salles d’attente.
2023 : les partenaires engagent un projet à long terme
Le Centre Eugène Marquis saisit l’opportunité offerte par le principe des jumelages (projets sur 3 ans) pour engager un travail ambitieux associant, cette fois, l’hôtel Pasteur et, toujours, Antoinette Parrau.
Tout commence un vaste travail d’acculturation réciproque : des tables rondes, des expositions… De véritables tests au cours desquels les professionnels se mettent à la place des patients sont organisés. De son côté, Antoinette Parrau va partout, enfile parfois la blouse du soignant, déambule dans les murs, les espaces, les couloirs, les aménagements. "Je cherche les points noirs", confie-t-elle.
De cette acculturation naît le projet Arc-en-ciel. La designeuse crée des moments éphémères : des arcs en ciel se projettent au sein des lieux en fonction de la lumière. Simple, sobre, passive... l’action agit sur tous en véhiculant notamment un fort imaginaire collectif. Elle invite à la déambulation et à l’échange. Elle amène une dynamique de vie, qui disparaît, réapparait.
Lors de cette première phase, Antoinette Parrau a aussi identifié le besoin, pour les patients, de disposer d’un espace pour se réunir et échanger (y compris avec les professionnels) "hors les murs" du Centre Eugène Marquis. Quand les soignants n’ont plus la blouse, quand ils changent d’environnement, quand ils ne sont pas dérangés, d’autres types d’échanges se nouent.
C’est le point de départ de la réflexion autour de "La chambre 238", espace mis à disposition par l’Hôtel Pasteur. Il permet d’accompagner les personnes en parcours de soin hors de l’hôpital à la recherche d’un moment de répit, d’un peu d’intimité pour réaliser des rendez-vous individuels.
Cette chambre rassemble de nombreuses attentions douces : une lumière réglable à sa convenance, un tapis de yogas, un coussin pour s’apaiser, un fauteuil conçu comme une invitation à ne rien faire, un droit à la sieste.
Les tests réalisés ont permis de vérifier des aménagements propices à un confort émotionnel, à un climat de soin.
Côtes d’Armor : Théâtre du Champ au Roy et EHPAD Kersalic (Guingamp)
Etablissement médico-social très atypique se définissant comme un Tiers-lieu.
Le Théâtre du Champ au Roy et la compagnie l'Astragal organise une résidence au sein de l’EHPAD avec leur création "Les sœurs sourirez".
Des ateliers et des rencontres individuelles ou en petit groupe de manière très régulière. Ces rencontres nourriront la trame dramaturgique de cette création. Les ateliers donneront lieu à une restitution sous la forme de la création d'une fresque du sourire installée au cœur de l'EHPAD.
Deux représentations du spectacle seront programmées (à l'EHPAD, dans un bar de la ville).
La thématique du sourire entre en résonnance avec le travail engagé au sein de la structure médico-sociale de Kersalic sur la formation professionnelle du personnel soignant (relation à l'autre).
Finistère : Théâtre de Morlaix et Centre hospitalier de Lanmeur
Projet artistique porté par la Cie Dérézo, en lien avec recherches sur prochaine création en salle « ... et les sept nains ? » (Un procès fictif des sept nains de Blanche neige en forme de cabaret qui se jouera, entre autres, au Théâtre du pays de Morlaix).
Construction d’un village (imaginaire) sur site de l’EHPAD et plusieurs temps forts associant les professionnels de l’EHPAD, les résidents et les artistes de Dérézo (tous = les habitants de ce village).
Projet de territoire avec invitation aux habitants de Lanmeur et des bourgs avoisinants, ainsi qu’aux familles. Les invités, une fois sur place, pourront déambuler dans le village, croiser une véritable galerie de portraits (costumes, masques, maquillages) de personnages célèbres incarnés par les habitants de l’EHPAD.
Ille-et-Vilaine : Association Clair Obscur avec CHU Hôpital Sud Rennes « IA, es-tu là ? »
Projet de résidence d'Élise Bérimont auprès de patients de 12 à 15 ans atteints d'anorexie, accueillis en hôpital de jour. Son point de départ est un sujet d’intérêt commun à l'artiste, à l'équipe soignante et Clair Obscur : celui de la pratique des images via les outils numériques et les réseaux sociaux, où l’influence de l’IA est majeure. Ces flux d’images induisent un rapport à soi et au réel très orienté par les représentations qui s'y trouvent, entraînant chez ces patients des comportements de dépendance puissants.
Aussi ce projet est-il l’invitation faite par l’artiste aux participants à œuvrer ensemble pour faire surgir des échappées visuelles, émancipatrices et poétiques. Il aboutira à la création collective d’images fixes et en mouvement qui seront assemblées et diffusées sous la forme d’installations, dans les espaces publics de l’hôpital, ainsi qu’en d’autres lieux de la ville.
Morbihan : Théâtre de Lorient et l’EHPAD – Résidence Le Glouahec
Les partenaires s’associent et proposent "Sur les traces de Locmiquélic à travers la mémoire des enfants et des résidents". Le projet les artistes Nicolas Lespagnol Rizz et Julie Guichard, metteuse en scène de la Compagnie Le Grand nulle part et associée au Théâtre de Lorient, qui a pour processus de création le passage par des immersions sur le terrain, dans la réalité des sujets abordés au plateau.
En lien avec une école de Locmiquélic, l'idée est de proposer un travail intergénérationnel autour de l'histoire de Locmiquélic avec les personnes âgées de la résidence et les enfants de CM1-CM2 à travers des balades sonores dans Locmiquélic, pour s'y remémorer des souvenirs, des histoires, mais aussi capter la parole des enfants qui ont d'autres histoires à raconter sur ces lieux aux résidents de l'EHPAD.
