Pesticides et métabolites

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Usage de pesticide sur un champ
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75% de l’eau potable des Bretons provient d’eaux de surface, très sensibles aux pollutions, et la forte densité de terres agricoles concourent à la vulnérabilité de la ressource vis-à-vis des pesticides.

Dans ce contexte, l'ARS Bretagne définit, depuis avril 2021, une stratégie régionale de surveillance des pesticides et des métabolites qui en découle.

Qu’est-ce qu’un pesticide ?

Les produits phytosanitaires ou pesticides sont des substances chimiques utilisées pour lutter contre les organismes jugés indésirables : plantes, animaux, champignons, bactéries, parasites. Ils sont principalement utilisés dans le milieu agricole mais le sont également pour des usages domestiques, urbains, de voiries et d’infrastructures. 

La pollution des eaux par ces produits est liée à leur entraînement par ruissellement ou érosion (contamination des eaux de surface) ou par infiltration (contamination des eaux souterraines). Le transfert des pesticides dans les rivières et les nappes est influencé par leur solubilité dans l’eau, leur stabilité chimique, la nature du sol, la pluviométrie.

Qu’est qu’un métabolite de pesticide ?

Les métabolites sont des sous-produits des pesticides. Les pesticides évoluent au fil du temps en divers métabolites. La présence de métabolites de pesticides dans les ressources en eau et dans les eaux distribuées s’explique principalement par leur formation dans l’environnement via des processus de dégradation des molécules actives de pesticides.


Réglementation des pesticides et métabolites

Les limites réglementaires de qualité dans les eaux distribuées pour les pesticides et leurs métabolites pertinents sont de 0,1 µg/litre par substance* et 0,5 µg/litre pour la totalité des substances recherchées.

 *Sauf pour l’aldrine, la dieldrine, l’heptachlore et l’heptachlorépoxyde : 0,03 μg/litre 

Le contrôle sanitaire des eaux mis en œuvre en région Bretagne inclut la recherche de plus de 200 molécules choisies en fonction notamment des activités agricoles locales, des surfaces cultivées et des quantités de pesticides vendues.

Lorsque l’exigence de qualité n’est pas respectée, ponctuellement ou plus régulièrement dans le temps, le responsable de la distribution de l’eau est tenu :

  • de prendre des mesures appropriées et d’informer les consommateurs ;
  • de mettre en œuvre un programme d’amélioration pour rétablir la qualité des eaux distribuées.

Connaissance et gestion des risques sanitaires

Les effets sur la santé des pesticides sont surtout connus dans le cas d’intoxications professionnelles suite à l’exposition accidentelle à un produit concentré. À de très fortes doses, l’intoxication dite ‘‘aiguë’’ se manifeste par des troubles nerveux, digestifs, respiratoires, cardio-vasculaires ou musculaires.

La connaissance des effets d’une exposition à de très faibles doses de pesticides et à long terme est encore aujourd’hui incomplète (notamment les effets associés à un cocktail de molécules). Certains sont suspectés d’être cancérigènes, voire mutagènes, et d’entraîner des effets néfastes sur le système nerveux central (Parkinson) et le foie. Certains sont également considérés comme des perturbateurs endocriniens.

L’eau ne constitue pas le seul apport de pesticides : sauf exception, la part attribuable à l’eau (5 à 10%) est très inférieure à celle présente dans les aliments. Des résidus de pesticides sont également présents dans l’alimentation (fruits, légumes, céréales et produits céréaliers) et dans l’air.

La gestion du risque sanitaire s’appuie sur les recommandations émises par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). Cette instance est chargée de caractériser la pertinence des métabolites de pesticides détectés dans les eaux destinées à la consommation humaines (EDCH) et de déterminer les valeurs sanitaires maximales applicables à ces molécules.

L’ARS évalue le risque en fonction des molécules et concentrations mesurées, par comparaison avec des valeurs sanitaires maximales individuelles définies par l’ANSES.

Une instruction du 18 décembre 2020 (page 527) définit les modalités de gestion des risques sanitaires en cas de présence de pesticides et de métabolites de pesticides dans les eaux distribuées.


Prévention et traitement 

Les solutions pour garantir une bonne qualité de l’eau distribuée vis-à-vis des pesticides : allier préventif et curatif.

  • Les solutions les plus pertinentes sur le long terme sont sans aucun doute celles qui visent à agir à la source du problème, c'est-à-dire les actions de réduction de l’utilisation des pesticides. Inscrites dans les objectifs des plans Ecophyto, ces derniers doivent tout particulièrement être recherchées dans les aires d’alimentation des captages ;
  • Des mesures incitatives pouvant être mises en œuvre dans le cadre de programmes d’actions volontaires sur des territoires ciblés comme les aires d’alimentation des captages sont disponibles.

Les techniques de traitement adaptées à l’élimination des pesticides sont celles permettant leur rétention physique : adsorption sur filtre à charbon actif ou filtration membranaire. Il est à noter que l’efficacité de ces différentes techniques de traitement est fortement liée à la nature des molécules à éliminer et de l’eau à traiter. Les métabolites de par leur taille et leur solubilité nécessitent un renforcement des étapes de traitement.


Informations sur la qualité de l'eau

La recherche étendue de pesticides (substances actives et métabolites) a été mise en œuvre en Bretagne au 1er avril 2021 lors du nouveau marché public des eaux. Après plus d'une année de mise en œuvre, notre connaissance de la qualité de l’eau distribuée concerne plus des trois quarts du réseau public, soit 96% de la population. Elle indique que :

  • 53% des bretons sont alimentés par une eau conforme en ESA-métolachlore ;
  • 13% des bretons ont été alimentés par une eau ponctuellement non conforme sans restriction d’usage ;
  • 30% des bretons sont alimentés par une eau non conforme en ESA-métolachlore, mais sans dépassement de la valeur sanitaire de la molécule et donc sans restriction d’usage.

Conformément à la réglementation, sur demande de l’ARS, les producteurs et distributeurs d’eau impactés par des non-conformités persistantes en ESA-métolachlore doivent définir un plan d’actions (amélioration des unités de traitement, recherche de ressources moins impactées…) engageant un retour à la conformité de l’eau distribuée.

Ces mesures curatives et préventives sont encadrées par un arrêté préfectoral autorisant la distribution et la consommation de l’eau pendant 3 ans (renouvelable une fois).

  • Si l’eau ne respecte pas la limite de qualité, mais que les concentrations en pesticides et métabolites ne présentent pas de risque pour les consommateurs au regard des valeurs maximales sanitaires, le responsable de la production-distribution d’eau informe les abonnés que l’eau peut être consommée, par dérogation, et que des mesures de retour à la conformité ont été mises en œuvre.
  • Si l’eau ne respecte pas la limite de qualité, et que les dépassements observés présentent un risque pour la santé des consommateurs, le responsable de la production-distribution d’eau informe dans les meilleurs délais les abonnés que l’eau ne doit pas être consommée jusqu’à nouvel ordre, et communique sur les recommandations d’usages et les modalités mises en œuvre pour assurer l’approvisionnement de la population en eau de consommation.

Questions-réponses sur les pesticides et métabolites