Projet régional de santé : "la promotion de la santé et de la prévention irrigue les différents thèmes et sujets !"

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Sophie Frain, Présidente de la commission spécialisée prévention (CSP) revient sur l’élaboration du Projet régional de santé. Les membres de la CSP ont pu affirmer l’importance de la prévention et de la promotion de la santé avec une attention particulière sur les problématiques de santé environnementale. La CSP a aussi tout mis en œuvre pour favoriser l’appropriation collective de ces enjeux.

Quel bilan faites-vous de la phase de construction et de concertation du PRS au cours du 1er semestre 2023 ? Quel moment marquant retenez-vous ?

Sophie Frain : "Le mot clef de ce premier trimestre pourrait être résumé par "la concertation". Nous avons, au sein de la CRSA, mais également de la Commission Spécialisé Prévention, travaillé, échangé sur différents niveaux et au fur et à mesure des documents que nous envoyait l’Agence Régionale de Santé. Cela nous a amené à souvent travailler "dans l’urgence", mais c’est également très stimulant de devoir/pouvoir se concerter, trouver des compromis qui sont le reflet de la pensée de la majorité des membres de la commission, sans occulter les particularités de chacun, c’est ce qui en fait la richesse. Les temps forts se sont déroulés lors des séances plénières de janvier et juillet 2023, mais cela n’a été possible qu’avec l’engagement des membres de la commission à se réunir et à se concerter lors des commissions de mars et juin 2023. "

Quelles sont les priorités et les objectifs du PRS3 que vous souhaitez mettre en avant pour la santé des bretons ?

S.F. : "En CSP, le choix concerté a été fait de se concentrer sur 4 fiches-clés :

  • Conforter la stratégie de réduction des inégalités sociales de santé
  • Mieux prendre en compte les effets de l’environnement sur la santé
  • Soutenir l’appropriation des outils de prévention par les professionnels de santé
  • Promouvoir la santé des femmes

Nous sommes en accord avec la vision transversale de la promotion de la santé et de la prévention, qui doivent irriguer les différents thèmes et sujets. Nous pensons aussi nécessaire d’affirmer plus clairement l’importance des questions environnementales et les mesures à prendre. Les enjeux liés aux soins occupent depuis longtemps l’essentiel de la scène médiatique et politique : leur financement, leur organisation, et maintenant (très tardivement) la démographie de leurs professionnels. Pourtant, l’espérance de vie, l’espérance de vie sans incapacité, la qualité de vie, sont faiblement liés au système de soin et fortement liés aux conditions de vie, aux différents âges.

Il nous semble donc important de continuer à :

  • travailler sur les déterminants de la santé, avec une approche positive de la santé (sans se cantonner à une approche par les risques, qui est anxiogène, peu motivante pour les publics, et souvent peu efficace) ;
  • réduire les inégalités sociales de santé, incluant les inégalités territoriales, et les inégalités liées au genre. On peut s’appuyer sur la démarche d’universalisme proportionné : on ne s’adresse pas uniquement aux groupes moins favorisés, mais à tous, avec des approches, des moyens, une intensité adaptées aux besoins des différents groupes ;
  • développer la prise en compte de la promotion de la santé et de la prévention, de façon transversale, dans les différents domaines. Exemple : fiche accès aux soins des personnes en situation de handicap : rien sur leur accès à la promotion de la santé et à la prévention !

"l’appropriation collective de la culture de la promotion de la santé et de la prévention est une condition de l’efficacité".

Sophie FRAIN

La particularité de la construction du PRS3, c’est qu’il est travaillé dans la même temporalité que le PRSE4 (plan régional santé environnement). Cela devrait permettre une meilleure appropriation de ce plan, et de ces actions, avec une vigilance à :

  • la vision globale de notre santé (une seule santé) ;
  • maintenir et améliorer la qualité environnementale de la Bretagne, en particulier qualité de l’eau et ressource en eau, et qualité de l’air ;
  • rendre plus visible la surveillance et l’étude du changement climatiques sur la santé, l’environnement et la santé environnementale.

Mais il faut également soutenir les professionnel.le.s de santé et leur engagement, en améliorant leurs conditions de travail, leur participation à l’organisation de leur travail et leurs possibilités de coopération internes et externes à leur lieu d’exercice, dans les établissements comme en ville. Une piste consiste à remotiver celles et ceux qui ont quitté la profession, pour qu’ils y reviennent, en leur donnant un cadre de travail qui permette de pratiquer des soins de qualité et en ayant une offre diversifiée de missions : les soignant.e.s ont aussi vocation à être des acteurs de prévention – promotion de la santé. "

Pour la mise en œuvre du PRS3, quelles sont vos attentes et quel rôle pour la démocratie en santé ?

S.F. : "Il nous semble important de favoriser l’appropriation collective de la culture de la promotion de la santé et de la prévention : c’est une condition de l’efficacité. Le rôle de la démocratie en santé peut être de renforcer le dialogue avec les organisations professionnelles, les élus, le public, à tous les niveaux des territoires, afin que les objectifs du PRS3, mais aussi le PRSE4, soient mieux pris en compte. Ainsi, cela pourra renforcer la collaboration et la coordination des actions, la diffusion des bonnes idées et des bonnes pratiques sur le territoire, et une évaluation de l’apport à la santé des habitant.e.s de Bretagne".